Il les accuse d’être des profiteurs, alors que ce sont les USA les pillards de la planète, qui mettent à leurs bottes des continents entiers. Nos amis de l’Amérique du Sud et de l’Europe en particulier en savent long sur le sujet.
Que feront les sympathisants trumpistes canadiens? Vont-ils applaudir la démolition de l’économie canadienne et la chute de leur niveau de vie? Crier AMERICA FIRST tous en cœur? Vont-ils par des entourloupettes mentales réussir à masquer leur dissonance cognitive en se mentant à eux-mêmes pour pouvoir préserver leur figure idéalisée? Enfin, deviendront-ils des masochistes dépourvus d’amour-propre?
TRUMP ET LA PASSE DU COYOTE
Dans la nature, les prédateurs s’en prennent toujours à la proie la plus faible. Les coyotes, par exemple, attaquent le chevreuil blessé ou celui qui court le moins vite pour obtenir satisfaction avec le minimum d’efforts.
Hélène Baril Publié le 27 janvier 2025
L’analogie animale peut s’appliquer au comportement du nouveau président des États-Unis envers le Canada, qui est sans leadership et qui se fige devant le danger.
Donald Trump s’acharne sur son principal partenaire commercial en ciblant le déficit commercial des États-Unis avec le Canada. Or, les États-Unis ont un déficit commercial modeste avec le Canada, comparativement à tous les autres principaux partenaires commerciaux des Américains pour ce qui est de la production de biens. En plus, si on parle des services, les échanges entre le Canada et les États-Unis sont à l’avantage des Américains.
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Le déficit commercial des Américains avec le Canada est utilisé par le président Trump pour tenter de rapatrier ce qui est produit au Canada et consommé par les Américains. Il parle surtout du pétrole, des voitures et du bois.
« On n’a pas besoin de leurs voitures, et ils en font beaucoup. On n’a pas besoin de leur bois, car on a nos propres forêts. On n’a pas besoin de leur pétrole et de leur gaz, on en a plus que tout le monde », a-t-il répété jeudi dernier devant le gratin économique de la planète réuni au Forum économique de Davos.
C’est tout à fait vrai. Notre voisin a du bois, du pétrole et il produit des voitures en quantité.
Si les Américains importent ces produits du Canada, c’est parce qu’ils sont moins chers, notamment à cause du taux de change qui réduit les coûts de production. C’est particulièrement vrai pour le pétrole, le principal produit d’exportation du Canada vers les États-Unis.
En théorie, la production canadienne de 4,5 millions de barils par jour exportée aux États-Unis peut être remplacée par une augmentation équivalente de la production du pays, qui est déjà le principal producteur de pétrole au monde.
Dans les faits, c’est plus compliqué et ça prendrait beaucoup de temps. Invités à « forer, bébé, forer » (drill, baby, drill), les producteurs de pétrole américains ne sont pas du tout encouragés à augmenter leur production dans le contexte actuel de prix baissier. Et ils ne le feront pas. Imaginez, leur président clame que le prix du pétrole doit baisser et somme l’Organisation des pays producteurs de pétrole de baisser ses prix.
Il sera encore très avantageux pour les États-Unis d’acheter du pétrole canadien au rabais et pour longtemps, même si son prix augmente à cause des tarifs.
Le bois rare
Les États-Unis ont un grand territoire et sont de grands producteurs de bois d’œuvre. Mais le pays consomme plus de bois qu’il ne peut en produire. Environ 30 % de ses besoins actuels doivent être importés du Canada et de l’Europe. Ce déficit ne peut que s’aggraver, si on pense à la reprise attendue des mises en chantier à la suite de la baisse des taux d’intérêt et aux immenses besoins de reconstruction qui s’annoncent en Californie après la destruction par le feu de milliers de maisons.
Les États-Unis ont bel et bien la capacité d’augmenter leur production de bois d’œuvre, selon l’analyse du Conseil de l’industrie forestière du Québec, mais jamais assez pour être autosuffisants. À moins de découvrir des espèces forestières qui poussent à la vitesse de l’éclair, ça n’arrivera pas au cours de l’actuel mandat présidentiel.
Le Canada produit beaucoup trop de voitures, estime aussi le président américain. En fait, l’industrie automobile canadienne produit environ 1 million de véhicules par année, alors que plus de 10 millions de véhicules sortent chaque année des usines américaines.
Il serait possible pour les États-Unis d’absorber la production canadienne, mais à des coûts prohibitifs pour les deux géants américains de l’automobile. Ford et GM ont investi beaucoup d’argent et profitent énormément de leurs usines canadiennes qui construisent en dollars canadiens des voitures vendues en dollars américains. S’attaquer à l’industrie automobile canadienne, c’est aussi s’attaquer à l’industrie automobile américaine, et ça n’arrivera probablement pas.
Donald Trump pourrait bien réussir quand même à se passer du Canada, mais si son objectif est de ramener l’industrie manufacturière aux États-Unis, il rate complètement la cible. Le déficit commercial des États-Unis avec le Canada se résume surtout à des ressources, pétrole, bois, minerai et aluminium, qui alimentent le secteur manufacturier américain. Les matières premières canadiennes font tourner les usines américaines.
C’est le contraire avec la Chine, l’Allemagne et des pays qui ont tous des surplus commerciaux plus importants que le Canada avec les États-Unis. Ces pays exportent surtout des produits manufacturiers, de la machinerie et de la technologie.
Alors, pourquoi le président s’en prend-il aux exportations du Canada plutôt qu’aux exportations plus sophistiquées de ces pays dont il serait beaucoup plus avantageux pour l’économie de rapatrier la production sur le territoire américain ?
Il n’y a pas d’explication logique, à part peut-être celle qu’offre la nature. Quand il a faim, le coyote attaque d’abord la proie la plus faible parce que ça exige moins d’efforts.
Source : https://www.lapresse.ca/affaires/econom ... coyote.php
P.-S. Nous pourrions ajouter que le "bully" de cour d'école s'en prend généralement aux plus petits que lui, il a peur de ne pas faire le poids devant des cibles plus coriaces!
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